Quand l’eglise se penche enfin sur des affaires finies

Publié le par Lupatria

Ce matin j’avais envie d’écrire un billet extrêmement joyeux et gai sur la reproduction des tourterelles en Espagne du Sud mais finalement j’ai décidé d’écrire un autre billet autrement moins rigolo sur la pédophilie, à la lumière des récentes non-révélations sur la présence de pédophiles dans l’église. La sexualité des adultes entre eux m’a toujours plus intéressée que les paraphilies du genre pédophilie mais j’avais promis un jour de faire un article exhaustif sur le sujet, le voici donc. En prime il sera orienté sur les abus commis par l’église sur des enfants.

Comme d’habitude afin que le reste de mon billet soit bien clair il va falloir poser des définitions et une fois les bases données on va pouvoir rentrer dans le vif du sujet.

La pédophilie est une forme de paraphilie.

Une paraphilie est le fait d’avoir des fantasmes, des impulsions et des comportements intenses sur des objets, des enfants, des personnes non consentantes sur une période d’au moins six mois. Ces fantasmes prennent tellement de place dans la vie du paraphile qu’elles altèrent sa vie sociale ou professionnelle.

La pédophilie est donc une paraphilie centrée sur les enfants.

L’agresseur a au moins 16 ans et au moins 5 ans de plus que la victime.

Si on veut chipoter on peut constater qu’il y a des trous dans ces définitions. Qu’est-ce qu’une activité intense? Et si la victime se fait violer sur trois mois elle n’est pas victime de pedophilie?

Les pédophiles sont donc des gens attirés par les enfants pré pubères. Être attiré par un/une adolescent(e) ne fait pas d’une personne un pédophile mais plutôt un ephebophile. Et c’est un autre débat pour une autre heure.

De plus un pédophile même s’il préfère les enfants peut avoir des relations sexuelles avec des adultes. Pour certains ça peut être plus difficile que pour d’autres cela dit.

Une autre distinction peut aussi être faite entre les pedophiles qui passent à l’acte et ceux qui ne le font pas.

Il y a les pédophiles qui recherchent activement des gratifications sexuelles avec des enfants, d’autres qui ne résistent pas à la tentation si ils en ont la possibilité et d’autres encore qui font tout pour éviter les contacts avec les enfants. 

N’oublions pas aussi qu’un violeur peut violer plusieurs personnes. Certes un viol c’est deja un viol de trop mais il y a une différence entre un homme qui viole vingt personnes et vingt hommes qui violent vingt personnes. A mal reporter on peut créer des paniques, et les paniques ne favorisent jamais les bonnes solutions.

La question qui se pose alors, est celle-ci: qu’est-ce qui pousse une personne a violer des enfants? Car oui, les femmes violeuses d’enfants existent et sont largement sous-estimées,

https://www.researchgate.net/profile/David-Mcleo 2/publication/271591650_Female_Offenders_in_Child_Sexual_Abuse_Cases_A_National_Picture/links/5512d7190cf270fd7e33920f/Female-Offenders-in-Child-Sexual-Abuse-Cases-A-National-Picture.pdf?origin=publication_detail

Des petites données neuronales émergent même si elles se font au final relativement rares et un peu au compte-goutte.

Mais un souci possible selon moi est que les sujets d’étude, des pédophiles notoires, sont sélectionnés dans des hôpitaux et que ce sont des cas particuliers et donc extrêmes, ce qui peut compliquer une carte de la maladie, puisque comme écrit précédemment tous les pédophiles ne sont pas des violeurs et qu’il y a donc un spectre de la pédophilie. C’est pourquoi selon moi il est plus judicieux de parler de violeurs d’enfants que de pédophiles. Dans le premier terme l’un est passé à l’acte, dans le second c’est une préférence sexuelle, certes déviante selon moi, mais pas forcément coupable d’une activité sur un enfant. 

Aussi intéressons nous au cas des viols sur mineurs au sein de l'église catholique.

 

Comme on peut le constater les déclarations fracassantes d'une épidémie de viols au sein de l'église portent sur une longue période, avec un pic d'agressions, qui décroit sensiblement d'années en années. 

Nous n'avons définitivement pas autant d'agresseurs maintenant que ce qu'il y a pu avoir il y a 71 ans maintenant, et ça me pose un souci que ce soit présenté dans les médias comme si c'était un chiffre constant et moderne. Certes, je me répète un viol c'est déjà un viol de trop mais il me parait important de montrer que l'année 2002 ne ressemble pas à l'année 1970.

 

ici il y a eu 22 plaintes entre 2015 et 2017 pour tout les Etats Unis indiquant une baisse dans le temps des agressions

 

Et globalement les criminels sont vieux, ou morts

 

 

Les témoignages d’actes anciens sont par contre arrivés récemment, donnant une impression d'état d'urgence urgente.

(les graphiques ci-dessus concernent les Etats-Unis mais sont globalement transposables en France comme on peut le comparer)

Selon la commission diligentée par l’église catholique la majorité des abus en France (56%)  ont été commis entre 1940 et 1969 soit environ 121 000 mineurs agressés.  A cette époque l'église est présente dans nombre d'institutions dont des écoles qui sont non-mixtes pour la plupart (d'où un accès a plus de garçons que de filles)

-Entre 1970 et 1990 ce sont 48 000 mineurs qui sont victimes. L'église n'est plus dans les écoles, la mode des garçons en internat faiblit, et globalement l'église commence à devenir une institution mourante. Les prêtres se font de plus en plus rares. Les témoignages arrivent, limitant les potentiels récidivistes ou primo délinquant à passer à l'acte.

-Entre 1991 et aujourd'hui, 47 500 mineurs ont été victimes.

Enfin, les abus étant majoritairement anciens les victimes qui parlent sont elles aussi de plus en plus vieilles.

C’est à dire que malheureusement, tant que nous ne serons pas des robots faits de métal, il sera impossible, impossible à l’humain de ne pas abuser de l’autre de quelque manière que ce soit, genre couleur ou age mélangés, la resilience et la limite de ce qui est un abus dépendant aussi d’une certaine manière de la perception de chacun. Un monde ou il y 0 agressions et 0 personnes se sentant agressée d’une manière ou d’une autre est un monde ou il n’existe plus aucun humain. C’est triste mais c’est comme ça. Le but  est de tendre vers le plus petit chiffre possible, mais ne vous faites aucune allusion. "dès lors que des adultes sont en contact avec des mineurs, un risque existe" car dans une agression sexuelle non prise en compte, il y a souvent plusieurs auteurs: le coupable, une institution défaillante, une famille pleine de tabous etc.

Pour aller plus dans le détail encore, en se basant sur l'étude du CIASE ainsi que sur les précédents rapports anglo-saxons sur les prêtres qui ont commis ces actes:

-le nombre moyen de victimes est de 7 par agresseur (ce ne sont pas 7 prêtres qui commettent 7 abus, mais 1 prêtre qui commet 7 abus, cette distinction me parait importante)

-l'âge moyen des victimes est de 12 ans et demi

-en ce qui concerne les condamnations, les peines sont sensiblement plus courtes lorsque c'est un garçon qui a été violé (trois à quatre fois plus courte que pour les filles)

-les prêtres ayant commis ces actes n’ont pas ou pratiquement pas d’antécédent d’agressions sexuelle

-Dans près de la moitié des cas, les agresseurs se déclarent homosexuels, parmi les agresseurs de filles, tous se déclarent hétérosexuels

-Certains ont des troubles pédophiliques mais ils représentent cependant moins de 10% des cas

-Les agressions se déroulent majoritairement au domicile de l'agresseur

à noter aussi que dans le rapport le nombre de femmes œuvrant dans le milieu catholique étant estimé trop faible, il n'y a aucune donnée sur les femmes auteure de violences. "Précisons par ailleurs que si un certain nombre d’auteurs de violences sont des femmes, l’analyse de leur part dans la population des religieuses n’est pas menée ici, la faiblesse de leur nombre – tant dans les questionnaires remplis par les diocèses et les congrégations (17 cas) que dans l’enquête en population générale (6,8 % des personnes agressées pour la première fois avant l’âge de 18 ans par une personne en lien avec l’Église l’ont été par une femme) – ne permettant pas de présenter des analyses fiables."

Il n'y a donc officiellement aucune femme violente dans la religion catholique. Un peu ironique dans une commission souhaitant faire la lumière sur toutes les violences au sein de l'église.

source: https://www.ciase.fr/medias/Ciase-Rapport-5-octobre-2021-Les-violences-sexuelles-dans-l-Eglise-catholique-France-1950-2020.pdf

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22809048/

Du coup on peut conclure que la grande majorité des agresseurs  étaient  des violeurs « situationnels » qui dans une certain contexte pouvaient passer à l’acte. Ces contextes sont entre autre: l’abus d’alcool et de drogue, l’isolation sociale, le stress, et le fait qu’ils ne sentent pas assez gratifiés pour leurs efforts. Ils rationalisent donc leurs actes par le fait qu’en dehors de ce qu’ils ont commis ils ont fait beaucoup de « bien ».

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33038888/

http://psychiatriapolska.pl/uploads/images/PP_3_2020/ENGver571Prusak_PsychiatrPol2020v54i3.pdf

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19842539/

Enfin, jusqu’à présent RIEN ne confirme que leur célibat serait une source de frustration sexuelle pouvant dégénérer en viol. Si tous les frustrés sexuels passaient à l’acte on aurait une crise majeure, a contrario les violeurs ne sont pas non plus forcément des gens n’ayant pas forniqué depuis un bout de temps, beaucoup d'hommes mariés commettent des viols. Le célibat n'est donc pas une cause de passage à l'acte. D'autre part ne nous leurrons pas, les prêtres ne sont pas tous des sages asexués, un chiffre de 40% de prêtres sexuellement actifs semblant même se dessiner. 

Thomas P. Doyle, Sex, Priests and Secret Codes, Los Angeles, Bonus Books, 2006


Enfin de l’enfin c’est « drôle » que l’église se penche sur la question une fois que tout le monde est mort, mais bon c’est mieux que rien j’imagine. Alléluia?

Les gros titres bien putaclic sans contexte

L’église étant une institution religieuse mourante, il est logique que ses victimes et ses bourreaux datent d’un temps ou l’église avait encore la cote.  Il est logique que du coup ses victimes diminuent, car il y a moins de catholiques pratiquants et moins de prêtres, et il est logique aussi, l’église cherchant de nouveaux adeptes en dehors du monde occidental, que ses futures victimes se comptent parmi une population extra européenne.

Il ne reste plus qu’a faire toutes les autres sectes et les autres religions, qui regorgent elles aussi d’adultes au contact des enfants, en vrai ce serait même très bien, la religion étant inutile quand on a la science. 

Bref, j’imagine en tout cas que ça ne va pas tarder? 

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